– Toute votre histoire est à dormir debout, tant elle est absurde, mais à l’entendre de votre bouche elle a comme un goût de vrai. (p. 129)
Tokyo, 1978. Le narrateur, trentenaire fraîchement divorcé, vivote de son métier de publicitaire. Certes, il mène une petite existence exiguë, mais tranquille, ce qui lui convient fort bien. Tout se gâte le jour où une organisation d’extrême droite le somme de retrouver le mouton marqué d’une étoile qui apparaît sur une photographie dont il s’est servi dans l’une de ses campagnes publicitaires. Cet animal exceptionnel serait à l’origine du pouvoir du « Maître » de l’organisation alors mourant ; il faut donc le retrouver pour espérer « sauver » le Maître et l’organisation. Menacé par l’organisation, le narrateur n’a pas le choix : accompagné de sa « girl friend », il part en quête du mouton mythique… et de lui-même.
Troisième roman d’Haruki Murakami, on trouve déjà dans ce récit tout ce qui fait le style et l’ambiance propres à ses livres : une écriture sobre, dialoguée, où la description (tant des paysages que des émotions des personnages) n’a que peu de place ; des personnages sans nom qui restent énigmatiques ; un ton qui oscille entre humour léger et méditation désabusée ; une narration qui s’étire… et puis, surtout, l’intrusion dans notre monde, notre « réalité », de forces extérieures étranges, à la limite du surnaturel : un mouton qui vampirisent les êtres qu’il habite, une jeune femme aux oreilles « parfaites » dont certaines intuitions semblent confiner au sixième sens, un chauffeur qui téléphone à Dieu… Et même si ces éléments extraordinaires, et la quête du narrateur, ne nous sont pas immédiatement compréhensibles et gardent une part de mystère une fois le livre refermé, c’est de ce réalisme magique, de cette capacité à rendre plausible l’extravagance et le merveilleux, que naît le charme des récits d’Haruki Murakami. On adhère, ou pas. Pour moi, définitivement, c’est oui !
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⭐⭐ Haruki Murakami, La course au mouton sauvage (Hitsuji o meguru bôken), traduit du japonais par Patrick De Vos, éditions du Seuil, 2009 (1983), 318 pages, 21,50 €.
Du même auteur : Kafka sur le rivage.
Je n’ai encore rien lu de cet auteur mais d’après ce que tu en dis, cela vaut le détour
Le style de Murakami est très particulier et suscite des avis assez tranchés : soit on aime, soit on déteste ! Moi j’adore, mais tout le monde n’en dirait sans doute pas autant…
Bon, je n’ai plus qu’à me faire un avis personnel 🙂
Un auteur que j’apprécie et que j’aime retrouver.
Pareil ! 🙂
C’est un de ses titres qu’il me reste à lire…
A moi, il en reste encore pas mal… Soit encore tout plein d’agréables moments de lecture en perspective ! 🙂
je ne sais pas pourquoi mais wp ne me laisse pas commenter sur ton blog (pas seulement le tien) c’est un vrai parcours du combattant…
Ah bon ?! Tu es la première à me le signaler, mais peut-être pas la seule à rencontrer des difficultés… ?!