Voici, en cinq nouvelles, un petit précis de la vie de couple et du poids qu’elle peut faire peser, parfois, sur les femmes. Une vie de couple : ses prémices amoureuses, ses doutes, ses incompréhensions, ses gestes tellement habituels qu’ils deviennent machinaux, ses réalités matérielles qui rongent le quotidien, ses usures… Il ne s’agit pas ici de blâmer mais, simplement, de raconter. Raconter, du point de vue des femmes, et dévoiler ce qui est d’ordinaire tu car, finalement, tellement banal.
Et puis, il y a ces petits éclats, ces exils intérieurs, ces rêves d’ailleurs, « d’autre chose »… échapper au conformisme, au carcan des contraintes sociales ou religieuses. Rien de spectaculaire dans ces récits, mais des bouts d’existences, des gestes furtifs, des espoirs qui s’esquissent par-delà les traditions.
L’écriture est lumineuse, la langue est fluide et délicate, parfois teintée d’une certaine tristesse voire d’une pointe de nostalgie. En ethnographe de l’ordinaire, par petites touches sensibles, en quelques instantanés volés, Zoyâ Pirzâd dépeint le quotidien des femmes iraniennes, écartelées entre tradition patriarcale et désir d’émancipation. À partir de petits riens, elle touche à l’essentiel et à l’universel : elle questionne la place de la femme au sein de la famille et de la société. Et elle nous livre un superbe recueil.
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⭐⭐ Zoyâ Pirzâd, Le Goût âpre des kakis (Ta’m-egas-e khormâlu), traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ, éditions Zulma, 2009, 218 pages, 18 €.
je connais mal la littérature iranienne, cela pourrait être une bonne approche!
De la même autrice, j’ai aussi beaucoup aimé le roman « C’est moi qui éteins les lumières ».